BALADE VERS LUPIAC (1er juin 2014)

Du côté de Saint-Clar et dans toute la Lomagne, nul n'ignore que Nicole, véritable maître-queux, consacre, derrière ses fourneaux, beaucoup de temps au 32 Deuche Club. Du côté de la Lomagne et au delà de ses frontières, nul n'ignore que les choux vanillés et chocolatés de Nicole constituent le plus souvent le savoureux dessert des repas pique-niqués du club.

Aussi, pour la remercier de son dévouement et sa générosité, le Conseil d'Administration a décidé à l'unanimité de lui consacrer une journée au cours de laquelle serait fêté son "nième anniversaire". L'organisation de ce dimanche convivial a donc été confiée à deux hommes de confiance, les inséparables Dupont et Dupond, respectivement prénommés Bernard et Jacques, ou l'inverse.

Le rendez-vous matinal est fixé à neuf heures à Vic Fezensac. Ce n'est qu'avec un léger retard typiquement gascon que l'ensemble des participants à cette promenade bicylindrée se retrouve sur le parking de gris "macadamé" du super-market local. Les carrosses chevronnés parfaitement alignés, chacun se presse autour du "Tube" du club afin de se délecter du "kawa" arabiqué amoureusement préparé par Olivier,le Président.

Lorsque tintinnabulent les dix heures un peu passées, Dupond ordonne la mise en route des moteurs: le convoi ne saurait tarder à s'ébranler, Dupond en prenant la tête, Dupont fermant le cortège. Au son mélodieux des avertisseurs majoritairement accordés en la majeur, les vingt trois équipages présents empruntent la Nationale 124 qui, quelques kilomètres plus loin, les amène à Demu, commune de trois cents âmes qui ne s'appellent pas les "Démunis", mais les "Démucois".

Dupont a fixé rendez-vous avec un personnage hors du commun: un artiste! C'est à quelques encablures du domicile de cet homme aux mains d'or que les voitures sont garées, dans un ordre quelque peu fantaisiste.

D'emblée, les deuchistes tombent sous le charme de la maison à colombages, demeure dans laquelle il n'est pas nécessaire d'entrer pour percevoir toute la poésie qu'elle renferme. Possédant quelques dépendances plus ou moins voilées par une végétation dûment réfléchie, elle possède sur sa façade une agora ombragée invitant au farniente à la moindre chaleur.

C'est ici que le propriétaire reçoit ses visiteurs afin de leur expliquer, anecdotes à l'appui, quelques secrets de son art. En fait, l'hôte de circonstance, Monsieur Guy Lanartic, fabrique, entre autre, en terre gersoise, des makilas, spécialité basque et des bâtons gascons, ne relevant bien entendu que du domaine gascon...con!

Avant d'entrer dans les détails, Monsieur Lanartic, présente les différences fondamentales entre le makila et le bâton gascon, appelé agulho. Le premier est une canne d'appui d'une hauteur variant de 85 à 95 cm, suivant la taille du propriétaire. A l'évidence Mimi Mathy et Noah junior ne possèderont pas le même... L'agulho, quant à lui est un bâton de randonnée pouvant atteindre 1,15m. Par ailleurs, si le pommeau de l'agulho est en corne, celui du makila est en corne également mais recouvert de cuir tressé, le pommeau du makila d'honneur pouvant être en métal (argent... or....). Ici, pas de pacotille!

En tant qu'armes ces "tiges" de néflier se distinguent encore: l'agulho possède une dague dans la partie inférieure afin d'améliorer l'équilibre. Le makila possède un aiguillon de 10 cm caché sous la virole de cuir tressé. Classées en 6ème catégorie, ces armes blanches peuvent se révéler comme étant particuilèrement dangereuses.

Les explications de l'artiste, ponctuées de fines plaisanteries, incitent le deuchiste à poser de nombreuses questions auxquelles le maître des lieux apporte réponse sans hésiter. La parfaite connaisance de son art, l'amour de son métier constituent autant de facteurs qui incitent le badaud à tomber en admiration devant ce personnage simple, modeste et discret.

Merci Monsieur. A l'évidence, une visite dans vos ateliers doit laisser un goût de "revenez-y"!

Au terme de ce long temps de plaisir auprès de Guy Lanartic, Dupond incite son petit monde à rejoindre les voitures afin se rendre à Lupiac.

A proximité de ce village, le convoi coloré longe le château de Castelmore où naquit entre 1611 et 1615 Charles de Batz, mondialement connu sous le nom de d'Artagnan mais dont en fait l'on ne connait pas grand chose, l'authenticité de ses mémoires n'ayant pas été établie puisque ne reposant que sur des notes éparses laissées par le personnage.

Quoi qu'il en soit, il apparait probable que ce guerrier n'a jamais dû imaginer que le 32 Deuche Club envahisse un jour, avertisseurs sonores à l'appui, la place principale de Lupiac qui porte d'ailleurs son nom. Les lupiacois et lupiacoises présents s'en souviendront, tant cette arrivée programmée sur le panneau d'affichage municipal a mis un brin d'ambiance dans ce bourg qui se meurt lentement, mais sûrement: c'est du moins ce que prétendent les membres de l'Association "Beth Temps A", association dont l'objet consiste à effectuer des recherches sur l'historique du village.

Il convient ici de remercier cette association qui, dans les jardins attenant à la salle des fêtes, a offert aux 32 Deuchistes un apértif fort apprécié: le "pacherenc" était à point!!!

Les amygdales encore imprégnées du sang du Christ (sang blanc aujourd'hui), les conducteurs font ronfler les moteurs et, toujours suivant Dupont, se dirigent vers les bords du lac de Lupiac pour la pause déjeuner. Dans ce cadre idéal, la faim justifiant les moyens, chacun déballe son coffre afin d'installer le plus rapidement sa salle à manger, contigue à celle du voisin: c'est l'heure du saucisson, du jambon, du pâté et autres gourmandises... Un des moments de plaisir du club que les invités de Dupond et Dupont semblent apprécier. Les systèmes menducateurs entrent en action s'accordant parfois quelques moments de répit pour un brin de conversation.

Lorsque vient l'heure du dessert, comme par enchantement, apparaissent soudain les choux de Nicole. C'est à ce moment qu'Olivier prend la parole et offre à la "maman du club" un klaxon dit italien, certainement fabriqué du côté de Shangaï, de Pékin ou de Chengdu... Qu'importe, à l'imitation de la plupart de ses amis deuchistes, Nicole pourra faire du bruit au volant de son futur bolide chevronné, actuellement en cours de rénovation.

A l'issue de ce pique-nique gargantuesque, les salles à manger se ferment, les pipelettes continuent de "commérer", les hommes, plus sérieux, de converser ou de se reposer, tant la matinée a été "éreintante". Il convient de recharger les batteries avant le retour à Lupiac pour la visite d'une exposition de photographies et du musée d'Artagnan.

L'expo photos sise dans l'église permet de découvrir l'environnement rural d'autrefois et de comparer, au travers de cartes postales, des vues de Lupiac prises sous le même angle.

Quant au musée, il peut-être considéré comme une belle réalisation eu égard au budget de la commune. Il y a lieu de noter cependant que les commentaires par moyens audio ne s'avèrent pas toujours captivants et peuvent inciter le visiteur à se débarrasser de l'attirail prêté. Cette solution certainement onéreuse ne remplacera jamais un guide qui, pour peu qu'il soit bon, mettra toujours un peu de chaleur humaine dans ses propos.

(Néanmoins, ce musée possède des documents intéressants lesquels montrent parfois que notre beau pays n'a pas tellement évolué... En effet, si Fénelon "wordisait" aujourd'hui une bafouille à François, Nicolas, ou à l'un de leurs illustres prédécesseurs, il pourrait presque employer les mêmes termes... )

Il est déjà presque dix sept heures et les deuchistes ne semblent pas vouloir se quitter. Dupond (celui qui a mal au dos) propose alors un retour à la campagne, bonne occasion pour la gent féminine de se dégourdir les échasses en s'accordant une petite marche qui les conduit à un déversoir, lorgnant au passage une carcasse de véhicule dont elles ne parviennent même pas à déterminer la marque... En attendant ces dames, les hommes, consciencieux, réfléchissent déjà à la future sortie chevronnée: carte en main, ils étudient le trajet qui les mènera prochainement à Caumont sur Garonne, ou plutôt au Mas d'Agenais, et ce, en fonction de leur lieu de départ.

Lorsque la trotteuse de la "Lip" avance, les deux autres aiguilles, à un rythme imperceptible bougent également et traduisent ainsi le temps qui passe. Pour l'heure (c'est le cas de le dire), la journée tire à sa fin: il est grand temps de rejoindre les masures.

Les deuchistes se bisent dans l'attente de la prochaine revoyure.

Comme d'habitude, ils repartent ravis de leur journée ordonnancée de mains de maître par les amis Bernard et Jacques qui ne seront jamais suffisamment remerciés pour leur disponibilité, leur sens de l'hospitalité et leur sourire.

A très bientôt!!!